5 janvier 2015 | Éric Sauvé | 2 Commentaires Voyager en famille (Cette publication arrive très en retard, mais c’était un coup de coeur de notre passage en Argentine et nous voulions le partager!) Il y a ceux qui aiment le bruit et l’excitation de la ville, et ceux qui préfèrent l’isolement et le calme total de la campagne. Virginia, propriétaire du Ranch du vieux poste, tombe clairement dans cette deuxième catégorie. Il y a plus de 20 ans qu’elle a quitté la région de Buenos Aires pour aller s’installer avec ses 4 garçons en plein coeur de la pampa argentine. Elle a acheté une terre de plus de 300 hectares, quelques chevaux, des dizaines de vaches et de poules et a créé La Estancia del Puesto Viejo. Quand elle a acheté le lopin de terre, il n’y avait qu’un vieux bâtiment en ruines car l’endroit avait été abandonné par les missionnaires Jésuites plusieurs décennies auparavant. Virginia a tout construit à la sueur de son front et le ranch est depuis longtemps autonome. L’électricité provient d’une génératrice, une source souterraine fournit l’approvisionnement en eau, et l’eau est chauffée par un poêle à bois. Virginia prend soin des animaux et, en plus, elle reçoit des visiteurs de partout car son estancia est aussi une auberge de jeunesse. Nous y avons passé 5 journées, très, très tranquilles et combien relaxantes. Pour se rendre au ranch, il faut plus d’une heure et quart de 4×4 sur un très mauvais chemin. En arrivant (finalement!), nous sommes accueillis par les deux chiens India et Chico et le piaillement des poules. Dans l’enclos à côté il y a une chèvre qui nous regarde débarquer sur son ranch. Je l’ai vite surnommée Jar Jar Binks parce que la ressemblance est frappante. A cette heure-ci les chevaux et les vaches sont au loin, ils seront ramenés dans l’enclos avant la tombée de la nuit. Nous débarquons nos sacs du 4×4, plaçons nos choses dans la chambre puis retournons à l’extérieur… et le temps semble s’être figé en permanence. L’excitation passée, les chiens sont repartis dans leur coin, Jar Jar Binks s’est remise à brouter et les poules… ben les poules n’ont pas remarqué notre arrivée, alors elles continuent à faire ce qu’elles font toujours: piailler, pondre et chercher de la bouffe. Une légère brise souffle sur le ranch. On entend le bruit des feuilles, le léger craquement des branches dans les arbres. Le soleil plombe sur la pampa argentine, comme à tous les jours depuis des millénaires probablement. Si on se ferme les yeux et on se concentre profondément on peut probablement entendre le bruit que la terre émet en craquant sous le soleil de la pampa. Le ranch est situé au bout d’une longe route difficilement praticable. Il n’y a pas âme qui vive à plus de 9 kilomètres alentours et personne ne s’aventure ici par hasard. Je me demande vraiment comment Virginia a pu y élever quatre jeunes garçons, surtout à l’adolescence lorsqu’ils ont bien dû vouloir rencontrer quelques filles. J’ai appris plus tard qu’ils ont eu une belle jeunesse parce que le ranch est fréquenté par de nombreuses touristes venues de tous les coins du monde… Le rythme de vie sur un ranch est dicté par les besoins des animaux. C’est un travail dur, journalier, et pour l’assister dans ce labeur Virginia a engagé Daniel, un sympathique gaucho, un comboy de la pampa argentine. Pendant notre court séjour, nous avons pris un grand plaisir à participer aux tâches quotidiennes. Trois fois par jour, les enfants allaient nourrir les poules et récolter les oeufs. En tant que résidents de passage, nous sommes invités à participer au travail de la ferme, quel qu’il soit. Entre autres, nous avons aidé, parfois maladroitement, Virginia et Daniel à amener les veaux dans l’enclos afin de leur administrer des vaccins. Une vache qui venait de mettre bas a emmené son petit pour le cacher dans les coins reculés du ranch et nous avons tenté de les retrouver lors de nos ballades à cheval. Nos efforts ont été vains mais la ballade en valait le coût. Tout près du ranch coule une rivière rocailleuse où nous sommes allés nous rafraîchir quelques fois. Le lieu était fréquenté par les indiens avant l’arrivée des Espagnols. Nous avons trouvé sur les rives des trous creusés dans les rochers qui servaient de mortier pour moudre le grain. Les missionnaires Jésuites ont aussi occupé l’endroit durant de longues décennies. L’après-midi, lorsque le soleil est au zénith, il n’y a qu’une chose à faire, c’est d’ouvrir les fenêtres de la chambre et espérer qu’il fera assez frais pour faire une bonne sieste jusqu’à ce que le soleil soit plus bas à l’horizon. Virginia a atteint la soixantaine récemment et il y a quelques années que ses garçons ont quitté pour fonder leurs propres familles. Daniel doit être opéré pour des problèmes pulmonaires et ne pourra revenir travailler au ranch après sa convalescence. Dans ces circonstances, Virginia se demande combien de temps encore elle pourra garder le ranch ouvert. Elle adore ses animaux, s’étant toujours refusée à les abattre pour la viande, mais elle sent que le jour approche où elle devra tout vendre et se rapprocher de la ville. Le moment est venu pour elle de passer le flambeau à une plus jeune génération. On lui souhaite de trouver un acheteur qui mettra autant de coeur à s’occuper du ranch et de ses invités. Site web du ranch: www.estanciapuestoviejo.com
Comme je vous envie ce matin! Il fait -25 ici et vous me faites rêver avec ce paysage! La photo de Juliette avec le fer est magnifique! Profitez-en bien, mes amis! J’aime tellement vous lire! Répondre