Voyager en famille

Il est toujours drôle de constater comment certaines activités anodines en voyage deviennent souvent des « expériences culturelles ». L’autre soir à Rio, en revenant du match de foot, on s’est arrêtés à une terrasse. A la télé, il y avait « The Voice Brasil (ou plutôt La Woua, pour reprendre l’expression du Bye bye 2013!). Le son était à peine audible, mais on est tous les cinq demeurés scotchés au petit écran. Ce qui était le plus intéressant c’était pas les prestations des concurrents mais le look et le style des juges… C’étaient pas Eric Lapointe, Arianne Moffat, Britney Spears ou je ne sais plus qui mais c’était tout comme, version latino.

Le look du premier juge, c’était littéralement un mélange entre Boule Noire et Muhamar Kadhafi. Lunettes soleil d’aviateur en prime. Y pas meilleur moyen de le décrire, jugez-en par vous – même. Malgré son look de dictateur libyen il avait une bouille sympathique et semblait authentique.

Le deuxième juge, y a pas grand chose à dire sur lui, il était beaucoup trop straight. Une sorte de David Hasselhoff sans le petit côté suffisant. Doit pas être un artiste, je me suis dit. Erreur, c’est le seul qui a chanté à la fin!

Le troisième, c’est le vieux routier à l’allure un peu malpropre, le style « je-n’ai-pas-pris-une-douche-depuis-quelques-jours ». Il a les cheveux très blancs et les sourcils très noirs. Mal rasé. Il est souvent profondément ancré en réflexion, il écoute les concurrents avec attention, les yeux fermés, balandant sa main comme un chef d’orchestre assis dans son salon devant un disque 33 tours.

La dernière, c’est la femme fatale. Epais maquillage, longs cils, veste courte laissant paraître un ventre ferme, pantalons blancs ajustés, tout pour attirer encore le regard des hommes. Et pour montrer aux jeunes poulettes sur scène que c’est elle qui est la plus sexy.

Ah oui, j’allais oublier de décrire l’animateur. Et bien comme dans toutes les versions de The Voice, il a un style tout effacé. Il a été placé là parce que ce n’est pas un « artissse », il a la conscience du temps qui passe et son seul but est de faire progresser l’émission du premier concurrent jusqu’à ce que le générique défile. Un Charles Lafortune version brésilienne.

Les enfants ne voulaient pas lâcher l’émission des yeux. Il se faisait tard, 10h45 (et 10h45 à Rio ça veut dire tu rentres chez toi quand t’as une famille!).

En rentrant à l’appart on a remis La Woua, cette fois avec le son, c’était encore plus comique. Tous les juges qui s’excitent sur les concurrents, qui se lèvent, se rassoient, se lancent des clins d’oeil entre eux, se donnent constamment en spectacle, qu’ils aient la parole ou non. Toute ce côté théâtral est encore plus évident quand on ne comprend pas ce qu’ils disent. Un concurrent termine sa prestation, le juge qui l’a choisi est en extase. Comment tu t’appelles. Tu chantes merveilleusement bien Melina. Depuis longtemps? Oui, depuis que je suis toute petite, j’ai toujours rêvé d’être une artiste. Avec moi Melina tu vas devenir une artiste, tu vas être splendide, célèbre, je vais tout te montrer — ok, j’en invente un peu ici car je comprends strictement rien de ce qui se dit mais vous voyez le genre! On a bien ri. Je suis à peu près certain qu’au Laos ou en Turquie on va pouvoir retrouver La Woua dans le même format, célébrités locales en prime!

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